Pierre-Arnaud Lebonnois de Nehel © Académie des Arts et Sciences de la Mer

Hommage

C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès de notre ami et Président de l’Académie, Pierre-Arnaud LEBONNOIS DE NEHEL. Il s’est éteint mardi 23 février 2016 à son domicile, suite à une longue maladie, à l’âge de 56 ans.

À sa compagne, son fils, sa famille et ses amis, nous adressons nos très sincères condoléances.

Vous trouverez ci-dessous une biographie de Pierre-Arnaud, ainsi que quelques-uns des nombreux hommages qui lui ont été adressés. Les cérémonies d’adieu à Pierre-Arnaud LEBONNOIS DE NEHEL se sont déroulées dans le respect de ces dernières volontés, avec une grande dignité, un hommage unanime et une belle humanité.


Pierre-Arnaud LEBONNOIS DE NÉHEL est né à Caen en 1959. Entre les décennies 70 et 80 il fréquente plusieurs établissements prestigieux dont l’Ecole Royale Militaire de Sorèze, le Saint Augustine’s College à Cambridge et la Faculté de droit de Nantes où il obtient une licence en 1981.

Tour à tour Journaliste chroniqueur et pamphlétaire, dessinateur de presse, caricaturiste, mais aussi écrivain et auteur de théâtre, il sera en son temps, à l’âge de dix-huit ans, le plus jeune titulaire d’une carte de presse en France. Normand d’origine, c’est à Paris que débute sa carrière journalistique avant de s’installer plus tard à Nantes et de conquérir la presse régionale.
Il va ainsi, de la Seine à la Loire, sous le pseudonyme d’Eliby, exercer ses multiples talents au sein de nombreuses parutions au styles très divers tels que La Liberté de Montmartre, Ici Paris, Le Pèlerin, La Vie Catholique, Le Monde de l’Education, Lui, l’Almanach Vermot, Ouest-France, Presse-Océan, L’Echo de la Presqu’Ile et bien d’autres.
Beaucoup se souviennent également qu’il a travaillé pour la télévision, en collaborant notamment à l’émission Droits de réponse de Michel Polac en compagnie de ses confrères et amis Cabu, Loup et Siné et un temps de manière quotidienne sur France 3 Pays de Loire.

En 2002, lorsqu’il fête ses 25 ans de carrière au cours d’une exposition rétrospective au Parc de la Beaujoire à Nantes, il affirmera avec force et passion son attachement à ce monde de la presse profondément ancré en lui :
« Le journalisme véritable repose sur le sens de la Vérité, l’Humanisme et la Tolérance.. et sur la Loyauté intellectuelle, bien sûr. Ce sont ces valeurs-là que j’ai acquises à Sorèze et qui ne m’ont plus quitté depuis. »

Reconnu en France mais aussi à l’étranger par le biais de ses parutions et interventions, Pierre-Arnaud LEBONNOIS DE NÉHEL a été récompensé par plusieurs prix : en 1998 par le 1er Prix du Festival International du Dessin de Presse à Montréal, en 1995 à Tokyo par le Prix du Sourire Levant, par la médaille de bronze du Dessin de Presse en 1988, au Palais du Luxembourg à Paris, en 1987 en Italie par le Prix de la Satire et de nouveau en France par la médaille du Prix de l’humour en 1982. Très prolifique, il était bien sûr l’auteur de plusieurs albums de dessins mais aussi de deux pièces de théâtre et de deux romans noirs.
C’est certainement accompagné par la devise de l’école de Sorèze -sa famille infaillible-, Armis, Scientiis, Religioni, Artibus (Les Armes, les Sciences, la Religion, les Arts) dont il avait conservé les Arts et les Sciences que Pierre-Arnaud s’est consacré il y a une décennies à la peinture.

Avec Frédéric MONCANY de SAINT-AIGNAN alors président de la Fédération Française des Pilotes Maritimes et Michel SAMSUN, vice-président des Pilotes de Loire, il est à l’origine de la constitution du corps des Peintres officiels des Pilotes Maritimes association créé dans les salons de l’Hôtel de la Marine à Paris, le 12 mai 2011.
Nous garderons en mémoire que c’est en tant que peintre portuaire, que Pierre-Arnaud s’est attelé au référencement pictural des 38 quartiers maritimes que compte la France métropolitaine, de Dunkerque à Nice, ce qui lui vaudra d’être inscrit au Patrimoine Historique de la Marine Nationale.

Le 30 décembre 2012 est créée l’Académie des Arts et Sciences de la Mer, nouvelle association faisant suite à la dissolution du corps des peintres maritimes. Cette association dont il a jusqu’ici assuré la présidence, compte aujourd’hui un peu plus de 100 membres issus du monde maritime, civils comme militaires et répartis en 9 collèges suivant la prédominance artistique ou intellectuelle de leur vocation.

Pierre-Arnaud LEBONNOIS DE NÉHEL a été président de l’Académie des Arts & Sciences de la Mer, peintre portuaire, Peintre Officiel des Pilotes Maritimes, médaillé vermeil Arts-Sciences-Lettres, sociétaire des Artistes Indépendants, inscrit au Patrimoine Historique de la Marine Nationale, médaillé de l’Ordre des Arts et de la Presse et membre du Propeller-Club de Nantes-Saint-Nazaire.

Quelques messages …

Robert BOSTON Vice-Président de l’Académie : Ces quelques années passées dans la lumière de Pierre-Arnaud m’ont été exceptionnelles. Être à ses côtés m’a donné l’envie d’être entreprenant. Avec son pouvoir, sa force et son énergie, tout devenait possible. Nous avons vécu ensemble de grands et beaux moments depuis la création du corps des Peintres Officiels des Pilotes Maritimes et nous en aurons encore car, nantis de son esprit, nous irons dans la direction qu’il a su nous donner, pour réaliser de belles choses en sa mémoire. De ses études à l’Ecole Royale Militaire de Sorèze, il a retenu que panache et excellence étaient deux mots qu’ils fallaient mettre en pratique. Et du panache il en avait, et tout ce qu’il entreprenait tutoyait l’excellence. Quel homme ! Aujourd’hui grâce à lui, nous avons tous en nous du Pierre-Arnaud, mais avec le panache en moins. Toutes nos actions futures seront faites pour lui, nous essaierons d’être à sa hauteur. Il nous aidera, j’en suis convaincu. Ayons également une douce pensée pour celle qui, à ses côtés, a été son égérie, Micheline (Marie Cardine).
Bons vents et bonne mer, Pierre-Arnaud, toi qui es passé de l’autre côté de l’horizon.

Gérard PÉTILLAT : Pierre-Arnaud Lebonnois laisse dans son sillage tout un tas de valeurs qu’il nous lègue et avec lesquelles nous allons remplir nos musettes pour continuer la route qu’il nous a pré-tracé et que nous allons emprunter sans lui mais avec lui. En parlant de route justement, je voudrais vous dire ici qu’au moment où je croisais celle de Pierre-Arnaud, je m’apprêtais à changer la mienne. Artistiquement parlant, je m’apprêtais à renoncer sinon à réduire sérieusement la partie marine de mon travail. Très dubitatif d’abord par rapport à la niche sur laquelle je travaillais : un monde maritime décalé, un peu dingue et par conséquent pas facile à accrocher dans le salon d’un particulier, et ensuite parce que déçu par le manque d’intérêt ou de réaction de la part d’une grande institution artistique Marine, je comptais raccrocher mes pinceaux marins au profit de brosses plus terriennes, dédiées à un autre univers qui m’est également cher, l’urbain. Cette rencontre en a décidé autrement et je tiens ici, à louer la bonne étoile qui jusqu’à présent nous a fait naviguer de concert. L’œuvre continue, plus Marine que jamais, où l’urbain fait office d’escales heureuses où dans d’obscures arrières boutiques on peut se faire tatouer : “À mon Parrain pour la vie” ou “À Pierre-Arnaud pour la vie”.

Anne QUÉMÉRÉ : Nos chemins se sont croisés par hasard et de cette rencontre est née une amitié stoppée en plein élan … C’est une belle empreinte que Pierre-Arnaud laisse en chacun de nous. Mes plus sincères condoléances à sa famille et ses proches.

Pierre LIVORY : Pierre-Arnaud avait su faire fleurir nos différences ! Il en fit un bouquet devenu notre richesse à tous !

Charles GAUDU et tous les dirigeants de la Biennale « Peintres et Sculpteurs de Bretagne » présentent leurs très sincères condoléances à la famille de Pierre-Arnaud et à tous les académiciens des Arts et Sciences de la Mer.

Jean-Luc FOURNIER : A toi, qui as tant fait pour amener au commun des mortels les arts et les sciences liés à la mer, je garderai le souvenir d’un homme chaleureux et droit, à l’amitié aussi solide que la poigne, qui m’a accueilli avec bienveillance.

Jean François ZAPATA : C’était mon mentor culturel, un homme exceptionnel plein d’humanité aux multiples talents. Je suis fier d’avoir compté parmi ses amis.

Patrice CALAMEL : Merci Pierre-Arnaud pour nous avoir apporté des idées originales sorties de ton énergie et de ton talent artistique ; ce fût une belle navigation en ta compagnie, tu resteras présent dans nos mémoires à tout jamais.

Jean-Patrick PASZULA : La vie nous offre des rencontres inoubliables. Ma rencontre avec Pierre-Arnaud a été de celle-ci. C’était l’an dernier, alors affaibli par la maladie, il m’a accueilli comme un ami pour un moment d’échange ensemble marqué par la gentillesse et l’enthousiasme. Je venais de rentrer à l’Académie. Pour son dernier voyage, je lui souhaite la paix éternelle. Nous garderons son enthousiasme et son exemple dans l’amitié pour valeur et par notre engagement nous donnerons longue vie à l’Académie.

Amiral Dimitrios P. BANTIAS Chef honoraire de la Garde Côtière hellénique et Président de l’Institut d’Histoire Maritime Hellène : Nous avons tous été touchés par le décès de Pierre-Arnaud. Nous avons été honorés par sa noble ambition de faire, de l’Académie des Arts et des Sciences de la Mer, une solide institution franco-hellénique. Celle-ci a trouvé immédiatement, une réponse favorable de notre part. Maintenant, Pierre-Arnaud ira rejoindre ses compagnons d’esprit, à savoir les marins célèbres d’autrefois. Et nous … que devons-nous faire? Tout simplement exprimer nos condoléances à sa famille et à ses amis, les Asmériens? Non! Cela ne suffit pas. L’important, le principal, en effet, c’est faire de son rêve, de l’Académie franco-hellénique des Arts et des Sciences de la Mer, une réalité rayonnante. Ce sera l’hommage le plus important à lui rendre.

Dimitri MICHALOPOULOS : (…)Je n’ai jamais constaté autant de passion pour la mer et les marins que chez Pierre-Arnaud. Il m’a, en effet, enseigné, par le biais de ses brèves conférences téléphoniques, à adorer la vie des marins. C’est comme ça dans la vie, on ne cesse jamais d’apprendre … Et il a été un excellent professeur – Requiem aeternam et lucem perpetuam dona ei, Domine! –

Cdt Maxime BENOIT : Illustre Pierre-Arnaud, qui même dans la tempête a toujours su garder le cap et n’a jamais abandonné ses rêves. Les échanges que j’ai pu avoir avec lui, ont toujours révélé cette grande humanité qui le caractérisait. Nous avons perdu notre Capitaine, mais le souvenir qu’il nous laisse, continuera de briller comme une étoile pour guider l’Académie.

Gaby BOURLIER : L’Académie est en deuil : notre Capitaine nous a quitté, son souvenir restera à jamais dans nos cœurs. Son Étoile est au firmament qui illuminera le chemin qu’il nous a tracé pour continuer son œuvre. Adieu Pierre-Arnaud, Bons Vents

Hubert CARTAHU : De notre rencontre fraternelle à ce jour funeste, tant d’agréables moments sous les auspices de Neptune. L’Académie fut son chef d’œuvre et son idéal. Que son œuvre perdure pour qu’il vive éternellement.

Entreprise GUY COTTEN : L’Académie des Arts et Sciences de la Mer perd l’un de ses gouvernails. En 2014, au moment des 50 ans de la société, l’Académie des Arts & Sciences de la Mer, sous l’impulsion de Pierre-Arnaud Lebonnois avait tenu à participer à cet événement. Artistes peintres, poètes, photographes… avaient décoré à leur manière les cirés, vareuses, cotte à bretelles, imaginé des poèmes et des balises habillées du logo du Petit Bonhomme Jaune. Un véritable élan de créativité et générosité car les œuvres ont été vendues au seul profit de la Société Nationale des Sauveteurs en Mer. Pierre-Arnaud Lebonnois, véritable moteur de cette institution, a quitté la barre et c’est avec tristesse que nous apprenons son décès.

Christian LEROY : Un jour, j’ai rencontré un humaniste, il était bienveillant, talentueux, généreux. Il avait élevé l’amitié comme règle de vie. Il s’appelait Pierre-Arnaud, il est disparu trop tôt, trop douloureusement.

Stéphane DU GAST : Pierre-Arnaud Lebonnois n’est plus. La communauté des gens de mer est triste. C’était un artiste passionné par le grand large, jamais à court d’inspirations. Sa prestance et ses belles bacchantes en imposaient. Mais l’homme était courtois, affable et chaleureux. Quant à son parcours et ses «faits d’armes», il n’était pas du genre à les étaler (…) Adieu, Pierre-Arnaud, fier chevalier de la Mer et des Arts. Puisse votre sillage nous inspirer. (extrait d’un article sur le blog Embarquements)


Lors des obsèques, Gérald MORILLAS a lu cette ‘Prière amérindienne’ (de la nation Atikamekw de Manawan, Province du Québec) :

À ceux que j’aime… et qui m’aiment

Quand je ne serai plus là, relâchez-moi !
Laissez-moi partir, j’ai tellement de choses à faire et à voir !
Ne pleurez pas en pensant à moi !
Soyez reconnaissants pour les belles années qu’on a vécues ensemble. Je vous ai donné mon Amour. Je vous ai donné mon Amitié.
Vous pouvez seulement deviner le bonheur que vous m’avez apporté.
Je vous remercie pour l’amour que chacun de vous m’a montré.
Maintenant, il est temps pour moi de voyager seul.

Pendant un court moment, vous pouvez avoir de la peine. La foi (la confiance) vous apportera réconfort et consolation.
Nous serons séparés pour quelques temps. Laissez les souvenirs apaiser votre douleur. Je ne suis pas loin, la vie continue.
Si vous avez besoin de quelque chose, appelez-moi, je viendrai !
Même si vous ne pouvez me voir ou me toucher, je serai là,
Et si vous écoutez votre coeur, vous sentirez clairement la douceur de l’amour que j’apporterai !
Et quand il sera temps pour vous de partir, alors je serai là pour vous accueillir, absent de mon corps, présent avec Dieu !

N’allez pas sur ma tombe pour pleurer ! Je ne suis pas là, je ne dors pas !
Je suis les mille vents qui soufflent.
Je suis le scintillement des cristaux de neige.
Je suis la lumière qui traverse les champs de blé.
Je suis la douce pluie d’automne.
Je suis l’éveil des mésanges dans le calme du matin.
Je suis l’étoile qui brille dans la nuit !
N’allez pas sur ma tombe pour pleurer, je ne suis pas là, je ne suis pas mort.


Voici enfin deux poèmes écrits par Jean-François ZAPATA :

– Respect – à Pierre-Arnaud

Le bleu, si rayonnant, s’est habillé de noir,
Dans l’obscur océan, la vague s’est figée,
Tes tableaux si vivants, si prompts à émouvoir,
Ont l’inerte tristesse de nos âmes affligées.

Mais non, tu n’es pas seul, sur ces larmes de mer,
Nous te tenons la main, nous sommes à tes côtés ;
Nous voguons sur ton bord, à jamais solidaires,
Le coeur un peu amer, de te voir t’en aller.

Mais non, tu n’es pas seul, dans ces voiles d’éther,
L’affection de chacun, comme un vent vient souffler ;
Pour ton dernier voyage, comme un livre ouvert,
C’est toute l’Asmérie que tu vas emporter.

Tu nous as tant donné que tous les mots sont vains,
Le silence en dit plus, qu’on ne peut exprimer.
C’est pourquoi nous voulons, dans un adieu marin,
T’honorer « sur le bord », comme il se doit donner.

– Les rêves de Pierre-Arnaud –

J’étais en harmonie, devant le jeu lyrique,
D’une toile marine à la grâce imagée.
M’abreuvant de ses traits, de ses lèvres nautiques,
J’écoutais ses nuances aux embruns colorés.

Les touches comme des vers, sur des ciels en quiétude,
Sonnaient dans un quatrain de vents versicolores.
La brume à dessein, volage mais si prude,
Livrait au nombre phi, sa noblesse et son or.

Au secret d’un baiser, entre mer et éther,
Venant lécher les ancres et les chaines sciemment,
Brillaient des noms et signes, faits de cœurs et de chairs,
Gravés comme une épître sur les coques d’antan.

Et pour d’autres tableaux, au loin doublant de pair,
Pen-Duick et la Belle-Poule, saluant le Cassard,
S’éclipsaient du dessin et de l’embarcadère,
Pour un autre sillage, entrain à tous les arts.