Jumelage grec 2018 - 1 © Académie des Arts & Sciences de la Mer

Grèce 2018

« C’est au 154 de la rue Grigoriou Lampraki, sur l’une des artères principales du Pirée en Grèce, que se dresse l’imposante façade de l’ancien Ministère Grec de la Marine Marchande. Depuis 2007, il accueille les fabuleuses collections de l’ex-Musée d’Histoire Maritime qui, en 1998, fort de son succès auprès des chercheurs et des visiteurs, est devenu l’Institut d’Histoire Maritime Hellène, celui que nous connaissons aujourd’hui.

C’est au sein de cet imposant édifice que s’est donc finalisé en avril 2018 le deuxième volet du jumelage qui unit depuis 2016 l’Institut Hellène à l’Académie des Arts & Sciences de la Mer.

Après Saint-Tropez en 2016, c’est au Pirée que se finalise le jumelage de l’Académie avec l’Institut grec

Tout d’abord l’Amiral Dimitrios Bantias, Président du Conseil d’Administration de l’Institut et Gérard Pétillat, Président actuel de l’Académie, échangèrent les pavillons respectifs, en présence de Marie Cardine, qui fut la compagne de Pierre-Arnaud Lebonnois, fondateur et premier président de l’académie, et du Directeur de l’Institut, le Capitaine de Corvette Zissimos Zervas. Furent également remis le titre d’Académicien au Docteur Dimitris Michalopoulos, Historien en Chef, et le Prix Joshua Slocum à l’institution hellène pour « sa contribution au rayonnement du patrimoine maritime et pour l’ensemble de ses travaux historiques et scientifiques ».

Mais avant de procéder à ces remises de distinctions, l’Amiral Bantias avait tenu à présenter officiellement à l’assemblée, quelques éléments des fameuses archives de Charles Le Dentu offertes tout récemment à la Grèce par son descendant homonyme, créant ainsi une certaine émotion à la sortie de plusieurs planches des plans de vaisseaux grecs antiques, planches manuscrites et colorées dessinées entre 1927 et 1931 par celui qui fut ingénieur en chef de la Compagnie Universelle du Canal Maritime de Suez.
Grâce à l’entremise de l’Académie des Arts & Sciences de la Mer, ce fonds exceptionnel qui est actuellement en cours de traduction, va, non seulement déboucher sur la parution d’un ouvrage en français édité par l’Institut et vraisemblablement présenté en France courant 2019, mais susciter en parallèle un travail de recherche assez original en la matière. En effet ces planches très précises concernant l’armement de ces navires et établies à partir d’éléments figurant à une certaine époque sur le pourtour du parthénon, vont pouvoir être confrontées aux plans de l’Olympias, une trirème athénienne antique, construite entre 1985 et 1987 au Pirée, et dont le montage s’était heurté à l’époque à un important manque de connaissances, surtout au niveau des détails utiles des superstructures qui avaient alors fait cruellement défaut à ses concepteurs.

L’Institut d’Histoire Maritime Hellène dépendant du Ministère de la Marine Marchande et de la Politique Insulaire et placé sous la protection de la Garde Côtière Hellène, aura permis par ailleurs d’initier d’autres moments tout aussi chargés d’histoires et donc d’émotions :

Ainsi la rencontre avec l’armateur Andréas Potamianos, l’une des grandes figures du monde maritime grec, Président Honoraire de l’Association des Armateurs Grecs pour les navires à passagers, et rencontré au sein du prestigieux Cercle Nautique de Grèce qu’il préside.

Ainsi la visite de l’un des trois derniers Liberty Ships survivants de la seconde guerre mondiale, le Arthur M. Huddell. Réduit à l’état d’épave, le vénérable bâtiment qui servit entre autre pour la pose de câbles et de pipes-line lors du débarquement en Normandie, a été racheté par la Grèce en 2008. Remorqué des Etats-Unis jusqu’au Pirée il a été presque entièrement refondu pour être converti en musée maritime et, à la faveur d’une nouvelle livrée commerciale, a été rebaptisé Hellas Liberty.

Ainsi la visite de la très ancienne Ecole de la Marine Marchande de l’Ile d’Hydra, dont les activité n’auront jamais cessé, les promotions de cadets se succédants les unes aux autres, promotions après promotions, y compris sous l’occupation allemande, et ce depuis sa fondations en 1749, ce qui lui confère le titre de l’une des plus anciennes écoles de navigation, sinon la plus ancienne à ce jour. Les salles de cours et couloirs imprégniés de cette Histoire singulière ont été pour la délégation française un trop court lieu d’échange des savoirs, d’échanges toujours trop rapides, mais échanges ayant néanmoins contribué à créer un lien chaleureux entre le Commandement de la Garde-Côtière Hellène qui préside aux destinées de l’école et l’Académie des Arts & Sciences de la Mer.

Ainsi à deux pas, la découverte du Musée d’Histoire Maritime d’hydra et de son écrin exceptionnel mettant remarquablement en valeur la richesse insoupçonnée de ses collections, offrant à la vue un large spectre de l’histoire maritime hellène à travers maquettes, armes, costumes et éléments d’architecture navale et terrestre, toutes ces belles choses n’occultant pas – heureusement –, les relations toutes particulières entretenues pendant des siècles par la Grèce avec son plus que bouillonnant voisin d’alors, l’empire ottoman. La ferveur hydryote est donc ici, par la force des choses, magnifiée par tout ce qui de près ou de loin a appartenu au fameux héros de la guerre d’indépendance (1821-1829) et enfant du pays, l’Amiral et homme politique, Andréas Miaoulis.

S’il a été possible à la délégation française d’embrasser autant de richesses en si peu de temps, dont notamment une visite privilégiée du Musée de l’Acropole et du site attenant du Parthénon – et sans que cela prenne des allure de marathon –, nous le devons bien sûr à la passion des différentes autorités maritimes grecques. Nous le devons aussi à une grande dame aujourd’hui disparue, Mélina Mercouri qui, lorsqu’elle présida en 1982 le fameux colloque « La Méditerranée hier et aujourd’hui » sur l’Ile d’Hydra en tant que Ministre de la Culture, su revigorer le monde maritime grec en suscitant la création d’un musée d’histoire maritime et plus tard d’un institut d’histoire, aujourd’hui incontournables et … par le biais du récent jumelage, assurer à l’Académie des Arts & Sciences de la Mer de vivre d’intances navigations communes.

Gérard PÉTILLAT, Président de l’Académie des Arts & Sciences de la Mer

Photo avec les diplômes de gauche à droite : Zissimos Zervas, Gérard Pétillat, Marie Cardine, l’Amiral Dimitrios Bantias et Dimitri Michalopoulos